Enquête annuelle Réhalto-WPO sur les arrêts de travail
Le taux d’absentéisme poursuit sa progression en France
Le 17 septembre 2019
L’étude réalisée en juin dernier par le Groupe BVA sur l’ensemble du territoire français confirme une tendance lourde : le taux d’absentéisme est en augmentation depuis 2014 malgré une décélération au cours des deux dernières années. Les problèmes de santé mentale ont surpassé les troubles musculosquelettiques et représentent la 2e cause des arrêts de travail, après l’ensemble des maladies « ordinaires ». Bien que 75% des directions des ressources humaines interrogées indiquent que l’absentéisme a un impact négatif sur le plan organisationnel, moins de 30% des entreprises bénéficient de programme de santé et bien-être en milieu de travail.
Épuisement professionnel en tête
Alors que 46% des absences du travail sont justifiées par ce qu’on appelle les maladies ordinaires (grippe, rhume, etc.), les congés pour cause psychologique arrivent juste derrière avec 29% de l’ensemble.
Cette progression des absences pour problème de santé mentale « devance d’un an les prédictions de l’Organisation mondiale de la santé », confie le directeur mondial – Relations stratégiques de Workplace Options, Christian Mainguy, à Claire Padych et l’hebdomadaire Entreprise&Carrières.
Parmi les problèmes psychologiques cités, c’est le syndrome d’épuisement professionnel qui rafle la triste palme avec 19% de tous les cas. Pour Christian Mainguy, cette hausse s’explique en partie par le fait qu’un salarié sur cinq est un aidant naturel. La charge physique et émotionnelle d’un proche en état d’incapacité serait selon lui un facteur aggravant. Il ajoute que la transformation des entreprises et la hausse de la violence en contexte professionnel contribueraient également à la détresse psychologique pouvant mener à l’épuisement professionnel.
De manière plus générale, il explique que l’absentéisme est multifactoriel. « Cette enquête annuelle aide à mieux comprendre les causes des arrêts de travail et à identifier les leviers disponibles pour agir ».
Des moyens d’action limités
Les besoins, tant du côté des directions des ressources humaines que des salariés, sont nombreux alors que les moyens ne sont pas toujours au rendez-vous. Dans un contexte généralisé de transformation des entreprises, le sentiment d’incompétence et les changements organisationnels parfois mal arrimés à la réalité des travailleurs constituent des facteurs de stress importants.
Plus de 80% des directions des ressources humaines et 77% des salariés expriment d’ailleurs un besoin de compétences pour exercer leur métier. Les salariés identifient également l’organisation de l’entreprise comme premier défi dans une proportion de 71%.
Or, seulement la moitié des directions des ressources humaines interrogées indique consacrer 10% de son temps de travail à la prévention et à la gestion des risques humains et sociaux.
Les entreprises ayant mis en place des programmes d’incitation à l’exercice physique, à la saine alimentation ou encore des lignes téléphoniques d’accompagnement et de soutien psychologique apparentées aux programmes d’aide aux employés (PAE) assez répandus au Québec et au Canada représentent moins de 30% de l’ensemble des organisations interrogées.
L’autre visage du présentéisme
À revers des idées reçues qui voudraient que le présentéisme soit synonyme de paresse, les chiffres indiquent au contraire que bon nombre de salariés qui auraient d’excellentes raisons d’être en arrêt de travail demeurent en poste envers et contre tout. Un peu moins de 50% des salariés qui présentent un problème nécessitant un arrêt pour maladie rentrent tout de même au travail quotidiennement.
Les raisons invoquées sont financières (difficultés anticipées dues à une possible baisse de revenu) ou professionnelles (difficultés anticipées en raison de la charge de travail). Dans un cas comme dans l’autre, ces travailleurs se mettent en situation de vulnérabilité en continuant de travailler alors qu’ils sont au bout du rouleau physiquement ou psychologiquement. Une situation qui n’est pas sans risque, tant pour le salarié que l’entreprise.
Absences plus longues et réintégration difficile
Les arrêts de plus de trois mois, soit 9% des arrêts de travail, démontrent également une tendance à la hausse. Ceux-ci constituent un défi majeur pour les entreprises qui doivent composer avec les difficultés engendrées par l’absence du travailleur et les besoins particuliers lors de son retour.
À ce sujet, l’enquête révèle que 84% des salariés absents sur une longue période pour cause de maladie sont angoissés à l’idée de reprendre le travail. Des besoins d’accompagnement et de soutien de l’entreprise, d’écoute et de compréhension de leur supérieur, d’adaptation de poste et des conditions de travail sont exprimés dans 62% des cas.